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Lucrèce Andreae, réalisatrice et autrice de bande-dessinée

03 décembre 2024 Portraits
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Diplômée de la formation Concepteur et Réalisateur de Films d'Animation en 2010, Lucrèce Andreae est aujourd’hui réalisatrice et autrice de bande-dessinée. Son film « Pépé le morse » a remporté le César du meilleur court-métrage en 2018. Elle a également écrit et dessiné « Flipette et Vénère » un roman graphique de 300 pages, sélectionné à Angoulême en 2021. Elle travaille actuellement sur l’écriture d’un long-métrage.

 

 

 

Vous avez remporté le César du court-métrage en 2018 pour "Pépé le morse". Était-ce une consécration pour vous ?

C’était évidemment une belle preuve de reconnaissance du milieu, j’étais folle de joie.

 

En revanche, je pense que j’ai été plus touchée par la sélection du film à Cannes, et plus particulièrement par le fait qu’il y ait autant de films d’animation que de films en prise de vue réelle en compétition.

 

 

 

Affiche de "Pépé le morse" - Lucrèce Andreae

Affiche de "Pépé le morse" - Lucrèce Andreae



Vous avez présenté "Bergeronnette" votre projet de long-métrage lors du dernier festival d’Annecy, pouvez-vous nous en dire plus sur le film ?

Je travaille sur ce film depuis plusieurs années maintenant. J’ai commencé l’écriture en 2017, juste après « Pépé le Morse ». J’ai eu un enfant et j’ai écrit un roman graphique entre temps donc le projet a pris beaucoup de temps. J’ai voulu m’investir à fond dans l’étape du scénario, ça été un travail de longue haleine.

 

Le film commence à prendre forme, nous l’avons pitché à Annecy et nous allons le pitcher au cartoon movie. Nous sommes actuellement en pleine recherche de financements.

 

« Bergeronnette » s’adresse aux enfants. Je fantasme ce film comme mon grand classique Disney à moi. Je suis nostalgique des films que je regardais quand j’étais petite et qui m’ont beaucoup nourrie. C’était mon rêve de faire un long pour enfants avec tout ce qu’il faut de magie, d’aventure, etc. mais avec aussi un propos plus moderne et engagé.

 

Le film raconte l’histoire d’un petit berger, qui vit dans les Landes en 1900. Il est très fier de devenir berger comme son père. Son père attend de lui qu’il soit solide et autoritaire avec ses bêtes mais il est sensible, doux, tendre et attentionné. Il va trouver un souffle de liberté en côtoyant une sorcière qui consacre sa vie à soigner les animaux et la forêt. Il va alors devoir choisir entre ces deux univers.

 

 

 

"Bergeronnette" - Lucrèce Andreae

"Bergeronnette" - Lucrèce Andreae



Vous avez également publié la bande dessinée "Flipette et Vénère", avez-vous envie d’écrire d’autres bandes dessinées ? Pourquoi avez-vous choisi ce medium pour cette histoire ?

Je sortais d’un long tunnel d’animation en équipe et j’avais envie d’être seule sur un projet, sans avoir à faire de concessions. Je voulais être totalement libre et ne pas dépendre de la pression financière de l’animation, tout est évidemment moins cher quand on fait une bd.

 

Par ailleurs, l’histoire de « Flipette et Vénère » ne se prêtait pas à l’animation, je l’ai pensée comme une BD. Les scènes sont assez statiques, il s’agit principalement de personnages qui discutent les uns avec les autres. Ça aurait été très pénible à animer.

 

J’écris une nouvelle BD en ce moment même. Cette alternance BD/animation rééquilibre parfaitement toutes les frustrations que je peux avoir en animation. Il y a pleins de choses que j’adore dans la fabrication d’un film mais la durée de production peut être pesante.

 

La BD est parfaite pour garder une certaine fraicheur et expulser les envies artistiques qui peuvent s’accumuler quand on planche pendant des années sur un projet. C’est mon espace de liberté et d’expérimentation.  

 

 

 

 "Flipette et Vénère" - Lucrèce Andreae

 "Flipette et Vénère" - Lucrèce Andreae



Qu’est-ce qui vous plait le plus dans votre métier ?

J’aime bien que le travail soit varié, passer de l’écriture, à la direction de comédiens à la mise en scène, des réflexions sur la couleur aux réflexions sur le fond, le rythme... Je trouve que l’animation est un objet de création très riche.

 

Je n’aurais jamais imaginé faire des films d’animation il y a quelques années. Je suis impulsive et impatiente, j’avais peur de ne pas finir les projets, mais j’aime cette succession étapes. Chacune amène une nouvelle couche de fraicheur et d’intérêt au film.

 

De manière générale, j’adore raconter des histoires, quel que soit le medium. Dessiner et raconter c’est ce qui m’anime.

 

 

 

"Pépé le morse" - Lucrèce Andreae

"Pépé le morse" - Lucrèce Andreae



Qu’est-ce qui vous a donné envie de devenir réalisatrice de films d’animation ?

C’est venu un peu par hasard. Quand j’étais petite je disais que je voulais être illustratrice de livres pour enfants.

 

Finalement je pense que j’ai fait GOBELINS pour le dessin parce que l’école avait la réputation d’être une bonne école technique, puis je me suis prise au jeu du film. Voir les personnages bouger, les faire parler, ça m’a beaucoup plu.

 

 

 

Comment écrivez-vous vos histoires ? D’où vient votre inspiration ?

Je pars souvent d’un thème qui me taraude et que j’ai envie d’approfondir. J’aime bien m’imposer des défis. Je vais être motivée par l’envie de découvrir un auteur ou une autrice ou de me fixer un cadre conceptuel, technique ou graphique. Avec « Bergeronnette », mon défi c’est de faire un long métrage pour enfants, un grand classique avec de la magie et de l’aventure.

 

Je pars aussi de références que j’ai envie de digérer à ma façon. Je m’inspire beaucoup de la photo. Je peux être touchée par des compositions d’images, des scènes, des lieux. Pour « Pépé le morse » j’ai été très inspirée par des photos de plages nues avec des personnages debout, immobiles et par le travail du photographe japonais Shoji Ueda.

 

Je puise aussi l’inspiration en me nourrissant de différents mediums, ça peut être en allant au théâtre, en lisant un roman, en regardant un film live… 

 

Mon travail revient souvent à la famille. En général, je m’intéresse beaucoup au relationnel humain, aux émotions, à la quête de soi, au fait trouver sa place parmi un collectif.

 




"Flipette et Vénère" - Lucrèce Andreae

"Flipette et Vénère" - Lucrèce Andreae



Pouvez-vous nous raconter un bon souvenir de vos études à GOBELINS ?

J’aimais beaucoup les cours d’analyse de film et d’histoire de l’animation d’Olivier Cotte. Il nous a permis de découvrir des films d’auteurs avec des partis pris très francs qui sortaient complètement de ce qu’on pouvait regarder par nous-mêmes.  

 

 

 

Quels conseils donneriez-vous à un ou une jeune diplômé.e ?

J’ai mis du temps à prendre confiance en moi, j’ai beaucoup lutté contre les doutes et le syndrome de l’imposteur. Kristof Serrand nous avait dit quelque chose qui m’avait beaucoup aidé.

 

Il nous avait conseillé d’arrêter de nous mettre la pression à l’école. Le plus gros de l’apprentissage se fait aussi en production, après la diplomation, ça ne sert à rien de chercher à être le meilleur animateur, le meilleur coloriste…

 

J’avais trouvé ça assez décomplexant et ça m’avait permis de ne plus me comparer aux autres d’un point de vue technique.

 

J’ai fini par trouver mon identité dans le travail d’auteur. Ça m’avait fait du bien de pouvoir me dire qu’on peut trouver sa qualité dans d’autres domaines de l’animation, sans être forcément une excellente animatrice ou une excellente Chara designer.

 

 

 




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