Marion Claret, directrice du studio Ooolala  

Diplômée de la Licence Gestion de la Production Audiovisuelle en 2016, Marion Claret à commencé sa carrière en tant qu’assistante de production chez Dandelooo. Aujourd’hui directrice du studio Ooolala et présidente de l’association La Cartouch’Verte, elle revient pour nous sur son parcours et sur l’importance de mesurer l’impact écologique des productions dans le cinéma d’animation. 

J’ai fait mon alternance dans une société de production de court et long métrage de prise de vue réelle. Nous n’étions que deux, je travaillais directement avec la productrice. Elle m’a proposé un mi-temps à la fin de mon contrat, en attendant son retour de congé maternité. 

J’ai cherché un autre mi-temps pour compléter et j’ai été embauchée par Dandelooo, une société de production et de distribution de films d’animation. J’étais amie avec Luna Sirvin, la fille d'Emmanuèle Petry-Sirvin, la productrice de Dandelooo, qui était dans la même promo que moi.  

Dandelooo était en train de finaliser la première saison de « La Cabane à histoires », une série qui mixe prise de vue réelle et animation. Chaque épisode correspond à un album jeunesse. Ayant toujours été passionnée de littérature jeunesse, ce projet m'a beaucoup attirée.

Emmanuèle Petry-Sirvin et Jean-Baptiste Wery, les deux producteurs associés de Dandelooo, étaient d'accord pour m’embaucher pour 6 mois à mi-temps, à condition que je reste après. J’ai choisi Dandelooo et je ne le regrette pas !

J’ai commencé en tant qu’assistante de production, j’étais seule à la production avec Jean-Baptiste et Emmanuèle. L'équipe s'est agrandie et je suis passée chargée de production puis directrice de production. Je suis également associée. 

Il y a 5 ans, Dandelooo a décidé d’ouvrir le studio Ooolala à la Cartoucherie à Valence. Ma vie personnelle s’est déviée vers la Drôme et Jean-Baptiste et Emmanuèle m'ont proposé la direction du studio. Je m’y suis installée définitivement il y a 3 ans. 

"La Cabane à histoires" - Dandelooo

Je supervise l'ensemble des activités du studio. J’encadre les productions et je prends en charge la direction de production sur les projets qui n'ont pas de directrice dédiée.

Je suis également responsable de l'infrastructure technique du studio, ce qui inclut la gestion de la pipeline de production et de l'ensemble des systèmes informatiques, qui constituent l’ossature du studio.

Enfin, je suis responsable de la vie du studio et notamment de la RSE. Nous essayons de développer des actions et des outils pour concevoir nos productions de façon plus écologique, c'est un aspect important du studio Ooolala. 

Par ailleurs, je préside l'association la Cartouch’Verte qui promeut les bonnes pratiques éco-responsables en animation. Nous avons coédité un guide de l'animation éco-responsable avec l’association Ecoprod. 

Le CNC va bientôt imposer aux productions de présenter des bilans carbones pour chaque projet. À mon sens, cette question est encore trop peu traitée dans le domaine de l'animation. 

"Chien pourri" - Dandelooo

En animation 2D en France les productions sont déjà un peu éco-responsables par essence. Nous avons cette culture de créer uniquement les éléments qui seront effectivement utilisés à l'image.

Nous avons créé un outil baptisé ECOOO (en référence aux 3 « O » de Ooolala) pour monitorer en temps réel toutes les émissions carbones de nos productions. Nous consommons principalement de l’électricité, mais nous convertissons les kilowattheures en émissions de carbone, car c'est l'unité de mesure couramment utilisée pour évaluer l'empreinte écologique.

Cet outil nous permet de mesurer les émissions de carbone d’une production par épisode, par étape ou par département. Si nous nous apercevons qu’un process fait exploser les compteurs nous aller chercher à comprendre pourquoi et à améliorer cette situation sur la prochaine production.  

"Billy le hamster cow-boy" - Ooolala

J’aime les responsabilités impliquées par ce poste. Mon leitmotiv au quotidien c'est de garantir le meilleur espace de travail possible aux équipes en veillant à ce qu’elles évoluent dans un environnement bienveillant et efficace, avec les bons outils. 

Nous venons de terminer « La Rivière à l'envers » de Paul Leluc qui est aussi un ancien de GOBELINS (Dessinateur d’animation, promo 2002). 

C’est la première série que je chapeaute du début à la fin. Je suis arrivé au studio au milieu de production de la première saison de « Billy le hamster cow-boy », je n’avais pas suivi le début de la production.  Avec « La Rivière à l'envers », c'est la première fois que je me retrouve à gérer mes propres erreurs !

"La Rivière à l'envers" - Ooolala

Le studio est basé à Valence donc je travaille un peu moins avec des anciens et anciennes que lorsque j’étais à Paris.

GOBELINS infuse une grosse partie de l’animation 2D en France et à l’international, ce qui me conduit naturellement à collaborer avec des personnes qui sont sorties de l’école et notamment avec des diplômé.e.s de la LGPA, la licence étant la seule à former à la production pour l’animation. 

Nous sommes plusieurs anciens et anciennes LGPA à Valence, nous communiquons assez souvent entre nous. J'ai gardé des liens professionnels avec beaucoup d’anciens et d’anciennes de ma promo. 

Jean-Baptiste Wery, le CEO de Ooolala et Dandelooo, est d’ailleurs un ancien de la LGPA (promotion 2002) !

"La Rivière à l'envers" - Ooolala

J’ai candidaté deux fois à GOBELINS. J’étais première sur la liste d’attente lors de ma seconde tentative. J’ai patienté tout l’été mais personne ne s’est désisté. J’ai commencé à chercher du travail en septembre et la coordinatrice de la formation m’a appelée en octobre pour me dire que j’avais une semaine pour trouver une alternance et intégrer la formation !

Quand j’ai rejoint la promo tout le monde se connaissait déjà mais j’ai été accueillie à bras ouverts. C'était une super promo, nous avons été soudés très rapidement. C'est vraiment ce que je retiens, nous sommes toujours un groupe de potes de GOBELINS et ça c'est chouette ! 

D’être curieux ! ça peut paraitre bête parce que tout le monde le dit, mais pour moi, pour bien faire son travail en production il faut s’intéresser aux méthodes de travail des artistes, aux pipelines, à la vision artistique du réalisateur...

C’est la symbiose de tous ces éléments qui va faire de vous un bon ou une bonne chargé.e de production.