Créer un portfolio efficace : les conseils de Manon Taillefer, coach d’artistes

Outil de communication indispensable pour les créatifs/créatives, le portfolio est une étape incontournable pour partager son travail et se faire connaitre des clients et recruteurs potentiels. 

Reflet de votre créativité, c’est la base de la promotion artistique des graphistes, photographes, motion designer, UX designer…

Diplômée de la formation Graphiste Motion Designer en 2016, Manon Taillefer a commencé sa carrière en tant que directrice artistique. Spécialiste du freelancing, elle met son expertise au service des artistes souhaitant se lancer à leur compte. Elle nous livre ici tous ses conseils pour réaliser un portfolio clair et impactant.

👉 Découvrir son portrait

J’encourage les artistes et les freelances à construire un site à part entière pour avoir un espace dédié à la présentation de leur travail et de leur univers. C'est une bonne opportunité de démontrer ses compétences de communicant !

Je recommande de choisir un CMS simple d’utilisation pour ne pas perdre de temps avec des aspects techniques de développement web. Certains outils comme Framer, Webflow, SquareSpace ou Adobe portfolio permettent de créer un site efficace rapidement et d’avoir son propre nom de domaine plutôt que de simplement intégrer une bibliothèque de portfolio.

Les jeunes professionnel.elle.s ont tendance à imaginer des projets fictifs pour enrichir leur portfolio. Ajouter des projets sans stratégie c’est inefficace et chronophage, les portfolios n’ont pas besoin d’être très fournis, une petite quinzaine de projets peut suffire.

En revanche, il est essentiel de savoir à qui l’on s’adresse, d’identifier une cible claire à laquelle on va présenter une problématique que l’on sait résoudre. On peut alors imaginer un brief fictif qui va servir de prétexte pour démontrer que l’on peut apporter une réponse au problème énoncé.

Je recommande de travailler un projet fictif en série de 3 productions courtes et rapide à produire pour maximiser l’impact sans perdre trop de temps. Il peut s’agir d’une production de 3 gifs, de 3 illustrations de 3 portraits photos...

Les projets fictifs peuvent être utilisés comme une petite touche, l’occasion de démontrer que l’on est capable de concevoir une direction artistique homogène et de s’adapter aux exigences d’une charte graphique, deux qualités recherchées par les agences comme par les clients.

Il faut bien différencier le portfolio d’une bibliothèque de projets. Beaucoup de travaux réalisés à l’école n’ont pas vocation à être utilisés dans le monde professionnel. C’est le cas par exemple des croquis, des nus, des aquarelles … des exercices importants pour travailler son style mais qui ne sont pas le type de productions qu’on attend d’un créatif.

Souvent, quand on vient de sortir d’une école on ne sait pas quoi mettre dans son portfolio ni à qui s’adresser.

Je recommande de commencer par établir une liste des productions que l’on aimerais réaliser et par identifier un besoin ou une problématique à laquelle on peut répondre avec ce type de projets. Par exemple, si vous maîtrisez très bien l’animation 3D, c’est une compétence qui peut intéresser vos clients et qu’il faut mettre en avant. L’essentiel c’est de choisir un enjeu clair et de valoriser les projets qui y répondent. 

Positionner son portfolio ne ferme pas de portes bien au contraire : cela permet d’être perçu plus clairement et d’attirer les bonnes opportunités.

L'important c'est d'être vu par les bonnes personnes. Il faut se demander par qui on a besoin d'être identifié et choisir le canal avec lequel on se sent le plus à l’aise.

On peut tout à fait être absent de la vie numérique et partager uniquement son portfolio par mail ou jouer sur la visibilité en ligne en multipliant les sources qui relayent notre travail (site internet, Behance, Malt, LinkedIn, Instagram…). Il faut trouver un moyen de communication qui soit tenable dans la durée pour soi. 

En revanche, je pense qu’il faut être présent sur LinkedIn. Sans aller jusqu’à poster tous les jours ou devenir « infopreneur », c’est utile d’y être actif en commentant et en likant des posts.

Le marché est très saturé sur Instagram, beaucoup d'artistes négligent LinkedIn alors que leur clientèle privilégie souvent cette plateforme.

La photo de profil doit être sobre, c’est bien d'avoir une bannière qui récapitule la promesse ou la cible avec une phrase d’accroche sur sa spécialité. On peut utiliser la bio pour détailler en précisant le secteur auquel on s'adresse, les moyens qu'on met en place pour les livrables….

Pensez également à mettre un métier simple : Graphiste, motion designer… pour pouvoir être identifié facilement par les filtres de recherche.

L’espace « Sélection » est une bonne opportunité de renvoyer vers son portfolio et vers un calendrier en ligne pour faciliter la prise de contact.

C’est également important de montrer qu’on est actif sur le réseau. Si un recruteur ou un client constate que vous ne vous êtes pas connecté depuis plusieurs mois, il y a moins de chances qu’il vous contacte en message privé. 

Dans un contexte où les propositions de créatifs sont très nombreuses, il faut simplifier au maximum le parcours du client, pour ne pas passer à côté d’opportunités.

• Avoir une UX/UI trop compliquée, vous n’avez que quelques secondes pour convaincre le client de rester sur votre site.
• Parler de vos compétences sur des logiciels plutôt que de mettre en avant les livrables que vous produisez. Les clients vont plutôt chercher à savoir si vous savez créer un flyer, une affiche, un faire-part…
• Présenter vos images à plat, sans mise en situation avec un mock-up. L’incrustation des images en situation réelle (tasse, affiche dans la rue…) permet aux clients de mieux se projeter.
• Proposer uniquement un formulaire de contact impersonnel, sans mail peut également rebuter les clients, il est préférable d’afficher directement son adresse mail.
• Ne pas parler de soi, il ne faut pas être trop anonyme quand on fait du démarchage en ligne. N’hésitez pas à ajouter une page de présentation à votre portfolio avec une bonne photo pour dire qui vous êtes, parler de votre parcours, de vos inspirations…

La première étape d'une stratégie de différenciation efficace, c'est d'exprimer une promesse claire et de se positionner comment quelqu'un capable de résoudre une problématique.

Par exemple, la phrase « J’aide à prendre en main rapidement un logiciel grâce à des vidéos tuto ludiques » présente une promesse claire et ciblée : elle précise le format (vidéos), le sujet (logiciels), le ton (ludique) et met en avant un bénéfice concret, la rapidité d’apprentissage, qui répond à un besoin identifié.

En général, les artistes interrogent peu le rôle fonctionnel de leur métier, or quand on est sur le marché des arts appliqués, on doit montrer qu’on est capable de remplir des enjeux de communication, de pédagogie, de sensibilisation, de prévention…

C’est aussi très important d’avoir une charte graphique, ne pas avoir d'identité visuelle quand on est communicant dans l’image, c’est se tirer une balle dans le pied !

©Sarah Oh

J’ai beaucoup aimé le portfolio de Myriam Gabrielle. Elle a entièrement illustré son site à la main, dans une ambiance immersive, tout en conservant une navigation très simple et très classique.

J'ai aussi retenu celui de Sarah 0, une motion designer californienne qui se présente comme étant une grande amatrice de crevettes. Elle créée beaucoup de designs autour de la vie marine, c’est une super promesse parce que on se souvient d’elle comme étant « la créa à la crevette » ! On comprend bien son univers 3D, un peu naïf et loufoque.

Pour ce qui est de l'UX/UI, je vous recommande d’aller voir le portfolio de Laetitia Bouloc qui  offre une véritable master class de la présentation de projets !