Béatrice Lartigue - Artiste numérique
Diplômée en 2008 de la formation Concepteur Réalisateur Multimédia de GOBELINS Paris, Béatrice Lartigue est aujourd'hui artiste numérique. Elle a co-fondé le collectif artistique Lab212 avec 8 alumni, au sein duquel elle réalise des installations interactives et immersives.
Vous avez obtenu un diplôme de concepteur réalisateur multimédia à GOBELINS en 2008 pouvez-vous nous raconter votre parcours ?
J'avais fait un BTS Design d’espace et une année de formation en webdesign puis j’ai travaillé en free lance, je réalisais des chartes graphiques pour des sites internet. Je voulais avoir plus de responsabilités et ouvrir mon champ de compétences donc je me suis inscrite à la formation de GOBELINS.
A la sortie de l’école j’ai été directrice artistique junior pendant un an chez Hyptique, une entreprise spécialisée dans la conception et la réalisation multimédia pour les musées. En parallèle, j’ai monté un collectif avec des anciens de ma promo, le Lab212 puis j’ai continué ma carrière en freelance au sein du collectif, sous le statut d’artiste.
Je travaille sur des projets auto-produits que l’on expose ensuite dans des festivals d’arts numériques et sur des commandes passées par des entreprises privées ou des institutions.
Je donne également des cours à GOBELINS, à l’école Estienne et à l’ECAL sur la conception de dispositifs interactifs.
Quelle est la genèse du collectif Lab212, vous l’aviez créé initialement dans le cadre d’un projet à l’école c’est bien cela ?
Oui, nous l’avions appelé Lab212 parce que c’était le numéro de notre salle à l’époque, sur le site de Saint Marcel. Les promo mélangeaient différents profils ce qui permettait de faire émerger des projets plus intéressants, cette approche nous plaisait et nous aimions expérimenter des choses, d’où le “Lab”.
Le projet est né du rassemblement de 9 personnes, 8 anciens de ma promo (2008) et 1 ancien de la promo 2009. Le collectif est toujours actif mais tous les membres n’y participent plus à plein temps, certains sont partis à l’étranger ou ont fondé une famille.
Aujourd'hui concrètement le collectif est recentré sur trois membres actifs à 100%: Pierre Thirion, Nicolas Guichard et moi. Les autres ( Jonathan Blanchet, Juliette Champain, François Chay, Cyril Diagne, Erik Escoffier et Tobias Muthesius) interviennent ponctuellement.
Nous avons choisi de ne pas avoir de statut juridique pour conserver une liberté et pouvoir déménager ou faire des pauses pour développer d'autres projets. Au départ, c’est l'amitié qui a créée ce collectif puis ce sont les projets qui l’ont fait perdurer. Nous ne travaillons jamais à neuf en même temps, mais plutôt par équipe de deux ou trois par installation.
Nebula, Lab 212
Lightness, Lab212
Sur quel type d’installations travaillez-vous ? Quel est votre processus créatif ?
Je travaille essentiellement sur des installations physiques qui utilisent les nouveaux médias et qui sont intégrées dans un lieu (musée, salle, institution…). Nos créations sont interactives, elles évoluent en fonction des actions des visiteurs. Nous avons une approche très intuitive, liée au design, les utilisateurs doivent pouvoir comprendre facilement comment utiliser le dispositif. Par exemple, pour Starfield, un projet conçu par Cyril Diagne, le principe était très simple: les visiteurs s'asseyaient sur une balançoire ce qui déclenchait l'apparition d’un ciel étoilé en mouvement.
La base de nos projets, c’est souvent un souvenir ou une émotion forte que l’on essaie de retranscrire à travers l’installation, en intégrant les contraintes techniques du lieu d’exposition.
Nous participons aussi à beaucoup de concours, ça nous permet d’avoir un cadre et d'obtenir des financements, par exemple, nous avons répondu à un appel à projet de Google et du Barbican Centre en 2014 qui nous permis d’être exposé au sein du musée et nous avons participé à un concours de haïku proposé par Arte pour lequel nous avons décroché une bourse.
Sur quels projets travaillez vous actuellement ?
Nous développons une installation monumentale liée à l’espace, qui s’appelle Novae et qui a pour but de recréer la sensation d’un soir d’été (avec les étoiles, les chants des grillons…). C’est une commande passée par la fondation MiSK en Arabie Saoudite dans le cadre d’une exposition sur le thème de la nostalgie. Elle aura lieu d'octobre 2022 à janvier 2023.
En parallèle nous travaillons sur Ombres Blanches, un projet pour lequel nous recherchons encore des financements et qui explore la thématique des ondes wifi et de la 5G dans l’espace public. Et enfin, je finalise Astéria une installation lumière permanente à Toulouse, en collaboration avec PPA et Scalène Architectes.
Starfield, Lab212
Portée, Lab212
Quels souvenirs gardez-vous de vos années à GOBELINS ?
J’en garde un très bon souvenir, l'école m’a donné une méthodologie qui est applicable dans pleins de domaines. L’ambiance était très bonne, très bienveillante, comme une famille, il n'y avait pas du tout de notion de concurrence comme ça peut être le cas dans d’autres écoles. C’est pour ça que j’enseigne à GOBELINS aujourd’hui.
Le réseau c’est important pour vous ?
Appartenir à un collectif c’est une grande force, ça a démultiplié nos contacts. On a tous travaillé pour les entreprises dans lesquelles nous avions fait notre alternance. Le collectif nous a permis de faire des projets, de nous créer un réseau, d’obtenir des financements.
Nous avons aussi participé ou assisté à beaucoup de conférences et de workshop, ce qui nous a permis de rencontrer des professionnels de notre milieu mais aussi de milieux complémentaires comme les curateurs de musée par exemple. Il ne faut pas hésiter non plus à contacter des gens dont on admire le travail pour essayer d’obtenir un stage ou leur proposer une collaboration.
Interview par Sophie Jean
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