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Crédits : Aube, Contretemps, Histoire pour deux trompettes, Louise, The Soloists, Chroniques de l’eau salée – Miyu distribution Crédits : Aube, Contretemps, Histoire pour deux trompettes, Louise, The Soloists, Chroniques de l’eau salée – Miyu distribution
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Luce Grosjean, distributrice et co-fondatrice de Miyu distribution

01 septembre 2022 Portraits
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Diplômée en 2010 de la Licence professionnelle Gestion de la Production Audiovisuelle de GOBELINS Paris, Luce Grosjean a commencé sa carrière au sein de l'AFCA et du RECA avant de créer sa propre société de distribution, Sèves Films, qui deviendra plus tard Miyu Productions. Spécialisée dans la distribution de courts-métrages, format qu'elle affectionne tout particulièrement, c'est elle qui distribue les films de fin d'études de GOBELINS !

 

 

 

Vous avez fondé Sèves films en 2016, 6 ans après avoir été diplômée de la licence Gestion de production audiovisuelle. Comment ce projet a-t-il vu le jour ?

J’ai fait mon alternance chez TeamTo, un studio de production de films d’animation mais je n’étais pas sûre de vouloir travailler dans l’animation, cette expérience en studio n’avait pas forcément été celle que j’avais imaginée. C’était très industriel et moi ce qui me plaisait c’était plutôt le cinéma d’art et essai

 

On m’a proposé un poste d’administration et de coordination au sein de l’AFCA  et du RECA. Cette expérience m’a permis d’avoir une vision très artistique du marché. Je travaillais à mi-temps donc j’ai commencé en parallèle une activité de distributrice de court-métrages étudiants en freelance. 

 

J’ai commencé par travailler pour Gobelins puis ensuite pour ARTFX et petit à petit je me suis rendue compte que d’autres écoles voulaient avoir accès à ce service. Je me suis structurée en tant qu’entreprise et j’ai ajouté la production à mes activités. C’est comme ça qu’est né Sève Films

 

J’ai produit un premier court métrage en fonds propres qui été un échec, j’avais du mal à faire démarrer mes projets en production, la concurrence était très rude. En revanche, j’ai rapidement senti qu’il y avait des besoins en distributions au-delà des écoles. J’ai réalisé que je pouvais laisser de côté la production. Ça me faisait rêver et je trouvais ça génial d’accompagner un artiste sur le développement d’une œuvre mais je me sentais beaucoup plus utile sur la distribution.

 

 C’est à ce moment que j’ai été contactée par Emmanuel-Alain Raynal, le fondateur de Miyu Productions. Il souhaitait ouvrir un département distribution et il a acheté des parts de ma société avec son associé Pierre Baussaron qui est devenu Miyu distribution

 

 

 

Louise de Constance Bertoux, Camille Bozec, Pauline Guitton, Pauline Mauviere et Mila Monaghan

Aube de Vincent Gibaud



Votre métier de distributrice en quelques mots ?

C’est un métier un peu particulier parce qu’il est affilié au court-métrage d’animation. On a un rôle qui est proche de celui d’un agent, on met en avant et on valorise le travail de l’artiste. C’est le cœur de notre prestation : envoyer les films en festival et leur donner la meilleure visibilité possible

 

Nous utilisons plusieurs leviers : la notoriété des festivals, les prix reçus, la diffusion sur une chaîne de télévision ou une plateforme et la vente pour la projection dans des lieux prestigieux. Nous avons un système de distribution et en face un système de vente, plus commercial. 

 

 

 



Vous avez commencé par distribuer exclusivement des courts-métrages et vous êtes passée au long en 2021 avec Archipel.

J’ai un vrai attachement au court métrage, c’est le format où la créativité en animation est la plus forte pour moi. Les artistes sont moins contraints par les marchés et le temps ce qui leur permet de pouvoir prendre beaucoup plus de risques.  Nous souhaitons rester dans le court pour garder cette liberté. 

 

Certains réalisateurs arrivent toutefois à conserver cette créativité et cette exigence sur un format long. C’est le cas de par exemple Félix Dufour-Laperrière le premier réalisateur que nous avons distribué en long métrage. Il a travaillé avec un budget de long métrage documentaire pour 1h15. Il a réfléchi à toute sa création pour qu’elle puisse lui coûter le moins cher possible tout en maintenant un très haut niveau de qualité. 

 

En termes de vente et d’industrie on est assez loin du marché du cinéma d’animation classique mais ça nous permet d’aller chercher d’autres espaces, d’autres manières de travailler et de distribuer les œuvres qui nous plaisent. Nous réalisons tout un travail d’accompagnement des films en salles pour être sûrs que le public les comprenne. 

 

C’est ce que nous avons fait notamment pour Dozens of Norths de Koji Yamamura. Il est parti des illustrations qui l’avaient fait au moment de Fukushima et son objectif était de réaliser un film seul, comme Sébastien Laudenbach avec La Jeune fille sans mains. C’est une œuvre très musicale, extrêmement forte, presque dans une version dark de Fantasia, une plongée dans un milieu post-apocalyptique nucléaire. Ce n’est pas un film vers lequel les spectateurs vont se tourner spontanément. C’est typiquement un film de festival et c’est ce qui nous intéresse, c’est là qu’on peut apporter notre savoir-faire

 

 

 

Archipel de Félix Dufour-Laperrière

Dozen Of Norths de Koji Yamamura



Comment se porte le secteur du court-métrage actuellement ?

Mis à part le stop motion, les équipes ne sont jamais arrêtées de tourner pendant la crise. Il y a eu des grands questionnements sur la sortie des films quand ils ne pouvaient pas être diffusés en festival et dans les salles mais ça ne les a pas empêché d’être vus. Ces deux dernières années ont plutôt été bénéfiques. 

 

Cette pause a été l’occasion de revoir nos pratiques d’un point de vue écologique et éthique. Comment tourner et voyager de manière plus responsable ? Par exemple, pour mes voyages en Europe j’essaie de ne plus prendre l’avion. J’ai acheté une plus grande voiture pour faire un système de tour comme dans la musique. 

 

Nous avons pris le temps de développer une structure, avec Clémence Bragard, une ancienne de la formation LGPA, pour que les festivals d’animation deviennent des espaces plus sûrs qui limitent au maximum les violences sexistes, racistes, homophobes.

 

 

 

Vous avez un fort attachement à l’école, GOBELINS c’est quoi pour vous ?

GOBELINS c’est un lieu qui nourrit ma passion, je suis très attachée à l’école. J’ai adoré l’esprit de formation extrêmement professionnalisant, j’aimais que les cours soient donnés par des professionnels directement liés au monde dans lequel on allait évoluer. Et surtout GOBELINS c’est la première école qui m’a fait confiance pour l’envoi des films en festival, qui m’a permis de grandir. 

 

Il y a tout un réseau d'anciens LGPA qui s’est développé grâce à l’école et à Animation sans frontières et qui me permet de suivre l’évolution de ce milieu d’année en année. Quand j’arrive dans l’école j’ai l’impression d’être chez moi. C’était une belle année et c’est un endroit vers lequel je suis revenue régulièrement et j’ai l’impression de ne pas être la seule. 

 

 

 



Quel conseil donneriez-vous aux jeunes diplômé.e.s ?

Quand je suis arrivée à l’école j’avais énormément d’ambition et je me suis beaucoup épuisée au travail. Il y avait une vraie croyance de « il faut trimer pour réussir dans le milieu du cinéma » et c’est quelque chose qui m’a rendu extrêmement malheureuse.

 

En réalité il y a de la place pour tout le monde et particulièrement en animation. Je pense qu’on devrait tous et toutes prendre conscience de notre valeur, ne pas se sous-estimer, ne pas s’oublier dans le travail

 

 

 

 

 

 

Interview par Sophie Jean




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