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Martin Balme, Photographe culinaire et lifestyle
Diplômé de la formation Photographe Prise de vue en 2008, Martin Balme est photographe culinaire et lifestyle. Installé dans son studio à Versailles, il réalise des shootings publicitaires pour la presse magazine et l'édition et des reportages. Il a notamment travaillé pour Picard, Tupperware, Le Monde, Nestlé…
Pouvez-vous nous résumer votre parcours depuis l’obtention de votre diplôme de Photographe Prise de Vue en 2008 ?
Pendant mes études, j’ai fait des stages chez Daniel Mettoudi et Michaël Roulier, deux photographes spécialisés dans la food.
Michaël m'a embauché avant même que je n’obtienne mon diplôme. J'ai été son assistant pendant 2 ans. Il faisait beaucoup de shootings pour Picard et Tupperware.
J'ai quitté le studio pour voler de mes propres ailes et j'ai commencé à travailler pour l'édition. Michaël a arrêté la photo au profit du film et rapidement ses clients sont venus vers moi, notamment Picard et Tupperware. J’ai travaillé avec Tupperware jusqu’en 2021 et je travaille toujours pour Picard.
J’ai pu créer mon entreprise et salarier mon épouse qui est styliste culinaire. J’ai mis de côté la photo artistique pour me consacrer totalement à la food. J’ai un studio à Versailles et une maison à Poitiers dans laquelle je shoot pour Picard. Je suis actuellement à la recherche de clients autour de Poitiers.
Photo pour le restaurant 975 - ©Martin Balme
Quelques types de prestations proposez-vous ?
Je shoot beaucoup dehors. Les clients sont de plus en plus demandeurs de shooting hors studio. Cette tendance a commencé avec la presse, et Instagram, en augmentant considérablement le volume de contenus produire, a poussé les marques à travailler avec plus de spontanéité. Les séances en studio sont de plus en plus souvent remplacées par des reportages et des shootings réalisés directement dans les cuisines.
Mon travail se situe entre le studio, avec des photos très techniques, et le reportage, avec des photos en extérieur plus spontanées. C’est ce qui fait l’intérêt du métier.
Quand je fais des photos en extérieur, je shoot à main levée, je n’utilise pas d’éclairage je me sers de la lumière existante que je remodèle en utilisant des ombres.
Photo pour Picard - ©Martin Balme
Comment démarchez-vous vos clients ?
J’ai la chance d’avoir très vite décroché des contrats dans l’univers de l’édition puis ensuite avec Picard. Je n’ai pas eu besoin de démarcher, j’ai obtenu des clients par contacts interposés, par bouche à oreille. La photo fonctionne beaucoup comme ça, en tout cas en région parisienne. Le réseau compte énormément.
©Martin Balme
Quel est le projet qui vous a le plus marqué ?
Les shootings pour Tupperware ! Ce sont davantage les rencontres qui m’ont marqué que les projets en eux-mêmes. C’étaient des shootings intenses avec 10 packshots et 30 natures mortes à réaliser dans la même semaine auxquelles s’ajoutaient des vidéos.
Il fallait savoir jongler entre les caractéristiques techniques de la photo et celles de la vidéo qui peuvent être très différentes. C’était très stimulant. Les équipes proposait des idées, on pouvait rebondir, chercher des solutions. Concilier les exigences techniques et les besoins du client c’est ce qui permet de faire travailler sa créativité.
Les clients s'en remettait beaucoup à mon expertise de photographe et de bricoleur c'était très plaisant. Les sujets étaient variés, c'était très formateur.
J’ai également eu l’occasion de shooter avec des mannequins. Quelqu’un de chez Tupperware m’avait dit « tu peux y arriver, ça va être super, tu sais éclairer une andouillette, tu sais éclairer Kate Moss ! »
La collaboration a duré 10 ans, j’ai fait 10 000 images pour eux.
Photo pour Picard - ©Martin Balme
Qu’est-ce qui vous plaît dans la photo ?
La technique me plaisait beaucoup. Je viens des Beaux-Arts, j’ai commencé la photo pour nourrir mes portraits. Je me suis rapidement aperçu que la photo était plus efficace que la peinture et je me suis pris au jeu.
La photo était un processus qui me permettait de produire des images artistiques mais aussi très artisanales, très techniques. C’est cette efficacité dans le médium qui m'a plu.
J'ai beaucoup exploré la photo aux beaux-arts et j'avais envie de pousser cet artisanat de la photo jusqu'au bout. GOBELINS m’a permis de me former professionnellement, d’avoir un bagage technique solide et de rencontrer des professionnels.
Pouvoir « me cacher » derrière la technique me permettait d'être beaucoup plus à l'aise socialement. Quand j’ai commencé à travailler on vivait les derniers soubresauts de la pub à l’ancienne avec des directeurs artistiques et des photographes qui pouvaient être assez caractériels. Bien faire son travail techniquement, permettait de passer au moins l'examen de l'efficacité pour ensuite arriver au relationnel.
Travail autour de la truffe - ©Martin Balme
Comment envisagez-vous l’avenir de la photographie culinaire et lifestyle ?
Le covid a créé un tournant dans la profession. Les agences de pub ont eu besoin de continuer à communiquer pendant cette période. Comme personne ne pouvait sortir et voir les publicités dans la rue, les marques et les agences se sont tournées vers les réseaux sociaux.
Les influenceurs ont eu un coup d'avance par rapport aux professionnels de la photo. Plutôt que de passer par une production et de faire appel à un photographe, les marques ont préférées s’appuyer sur les communautés créées sur les réseaux sociaux. Les influenceurs, en plus de vendre leur image, ont pu vendre leur communauté aux marques.
Dans le cas d’une marque comme Picard par exemple, les influenceurs food, vont proposer un contenu qui n’a rien à voir avec l’image habituelle de la marque mais qui va « performer », c’est-à-dire qu’il va générer des vues. Et ça suffit aux marques pour créer une présence dans l’esprit des consommateurs.
Cette présence est bien supérieure à celle que les photographes peuvent proposer. Le système de production d’une image est beaucoup plus lent. Il faut l’imprimer, acheter de l’espace pour l’afficher dans l’espace publique.
Les influenceurs sont en train de siphonner une partie des clients des photographes de pub, ce qui a beaucoup rebattu les cartes de de l'économie publicitaire.
Je pense qu'il y a une réinvention à opérer pour les photographes et qu’elle passera par le collectif.
Photo pour le restaurant 975 - ©Martin Balme
Pouvez-vous nous raconter un bon souvenir de vos années à GOBELINS ?
Je me souviens très bien de ma rentrée à GOBELINS et des premiers cours techniques. On nous a appris à démonter et remonter les appareils pour comprendre comment tout fonctionnait.
Pour moi ça été un vrai point de départ, ça permet de démystifier le matériel. C'est moins vrai aujourd'hui parce que les boîtiers sont devenus extrêmement complexes, mais c'était encore l’époque de l'argentique, on pouvait ouvrir les boitiers, les chambres techniques et s'y confronter physiquement.
L’arrivée à l’école a vraiment été marquante. La découverte des labos, la sortie des premières images, c'était une autre dimension de la photo qui s’offrait à moi. C’était très stimulant.
Photo pour Picard - ©Martin Balme
Quel conseil donneriez-vous à un ou une jeune diplômé.e ?
Le métier a beaucoup changé, tout dépend du profil des diplômés, mais pour moi, étant donné la facilité avec laquelle on peut produire des images aujourd’hui, les jeunes photographes doivent impérativement avoir un bagage intellectuel important pour se démarquer.
J’ai parfois vu des photographes gâcher leur talent parce qu’ils n’avaient aucune connaissance de l'histoire de l'art ou des codes de construction d’une image.
Il faut se cultiver autour de la photo, enrichir son propos, avant de se précipiter et de produire des tonnes et des tonnes d’images.
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