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Tom Goyon, Illustrateur et Directeur Artistique, spécialisé dans la création de personnages
Diplômé de la formation Graphiste Motion Designer de GOBELINS Paris en 2017, Tom Goyon a débuté sa carrière en travaillant sur des formats animés (clips, court-métrages, publicités) avant de se spécialiser dans l’illustration de personnages.
Pouvez-vous revenir sur votre parcours depuis l’obtention de votre diplôme de Graphiste, Motion Designer en 2017 ?
A la suite de mon cursus en animation à l’école Emile Cohl c’est ma sœur, Kim Goyon, également ancienne de la formation Graphiste Motion Designer (promo 2013), qui m’a donné envie de venir à GOBELINS.
Après l’obtention de mon diplôme, je me suis lancé directement en freelance. J’ai commencé par rechercher des missions en motion design. J’ai travaillé sur des projets plutôt institutionnels et en parallèle j’ai démarché des studios d’animation. Au bout de 6 mois j’ai commencé à contacter des studios américains et canadiens et j’ai rapidement travaillé avec les studios Oddfellows et Giant Ant en tant que designer.
Je me suis très vite aperçu qu’on me proposait davantage du travail en design pour l’animation. La formation de GOBELINS m’avait permis de bien compléter ma formation en animation plutôt axée sur la fiction et de développer des compétences en clip et en publicité.
Puis j’ai commencé à faire ponctuellement de l’illustration jusqu’à signer en 2019 avec Lezilus, un agent d’illustrateurs parisien, avec lequel j’ai collaboré sur des projets de publicité et d’édition. En 2020 j’ai également signé avec Pekka, une agence d’illustration internationale.
Depuis, mon travail est partagé entre le design, la direction artistique pour l’animation et l’illustration pure pour des supports de communication (jeu de société, livre jeunesse…).
Vous travaillez donc avec deux agents, pourquoi ce choix ?
C’est très compliqué de travailler dans l’illustration en France sans avoir d’agent. Les agences de publicités et de communication font quasi systématiquement appel à des agences quand elles recherchent un illustrateur. C’est un excellent intermédiaire pour la négociation des plannings et des tarifs. Ils ont également un carnet d’adresses beaucoup plus important.
Je n’ai pas vraiment fait le choix de travailler avec des agents, je me sens surtout très privilégié. Je ne me vois plus travailler sans. Je suis débarrassé de toute la gestion administrative (les devis, les cessions de droits…), je peux me concentrer sur le dessin, ce qui est très appréciable !
Par ailleurs, travailler seul peut vite être pesant. Avoir un agent me permet de pouvoir travailler avec quelqu’un qui me voit progresser et qui peut me faire des retours sur la durée.
©Tom Goyon
Comment choisissez-vous vos projets ?
L’aspect financier reste évidemment très important mais je n’ai plus besoin d’accepter tous les projets qu’on me propose pour construire ma trésorerie. J’essaie de maintenir un équilibre entre les projets qui me permettent de gagner ma vie et ceux qui m’épanouissent artistiquement.
Par exemple, j’ai récemment réalisé une série d’illustrations pour des étiquettes de bières pour un copain micro-brasseur. Son budget était limité mais le projet me laissait une très grande marge créative. C’était aussi l’occasion de voir mes dessins imprimés. Quand on fait exclusivement du dessin numérique c’est agréable de pouvoir voire son travail sur un support matériel.
Illustration de Tom Goyon pour la micro brasserie L'Arrière garde
Quels sont les projets qui vous ont le plus marqué ?
Le projet qui m’a le plus marqué ces deux dernières années c’était pour Lutha, une marque de vêtements finlandaise. J’ai réalisé de grands décors avec des personnages pour illustrer les quatre saisons en Finlande.
C’est le premier projet important que j’ai fait avec Pekka, mon agent international. Le budget était plutôt important et artistiquement c’était très intéressant, la marque m’a laissé faire ce que je voulais et j’ai pu expérimenter des couleurs, des textures…
La finalité du projet était aussi très chouette. Mes illustrations ont été imprimées en 3m sur 2m et exposées dans les magasins. Aujourd’hui à chaque fois qu’un client me contacte il mentionne ce projet.
Illustration de Tom Goyon pour Lutha
Comment trouvez-vous l’inspiration ? Quels sont vos références en matière d’illustration et de motion ?
Comme tous les illustrateurs de ma génération ou presque, je passe beaucoup de temps sur Instagram, Pinterest et maintenant Tiktok. J’ai accès a énormément d’images, ce qui peut parfois être assez indigeste, ce n’est pas toujours facile de trouver sa place par rapport à tout ça. J’ai appris à m’en défaire avec le temps, j’identifie les images qui me plaisent et je les classe pour repérer quels sont les illustrateurs et illustratrices qui m’inspirent.
J’aime beaucoup le travail de Cyril Pedrosa, un auteur de bande dessiné, également ancien de GOBELINS (dessinateur d’animation, promo 1995), ainsi que celui du réalisateur Quentin Baillieux (Concepteur et Réalisateur de Films d'Animation, 2008) et de l’illustratrice pour enfant Annette Marnat.
Mon entourage m’inspire aussi énormément, comme par exemple le travail de Leïla Courtillon, (Concepteur et Réalisateur de Films d'Animation, promo 2017) diplômée de GOBELINS la même année que moi et qui est devenue une amie.
Vous arrive-t-il de collaborer avec des anciens de l’école ?
Après le confinement j’en ai eu assez de travailler seul chez moi et j’ai ouvert des bureaux partagés avec d’autres artistes (animateurs, motion designers, illustrateurs…) dont Robin Desnoue qui était dans la même promo que moi et avec qui je collabore régulièrement.
Je côtoie également beaucoup d’anciens animateurs de GOBELINS. Quand un studio me contacte pour des illustrations il m’arrive très souvent de leur recommander des animateurs pour la suite du projet.
Et enfin, nous avons monté pour le plaisir un petit festival de musique et de vijing avec plusieurs anciens, notamment Jules Rigolle (Concepteur et Réalisateur de Films d'Animation, 2017) et Camille Frairrot (Master Design et Management de l'Innovation Interactive - Option Graphisme, 2018). Nous nous sommes également associés à Antoine Duchêne pour ce projet. Ce n’est pas un alumni mais il a travaillé sur la musique de nombreux films de fin d’étude GOBELINS.
Comment envisagez-vous la suite de votre carrière ?
Le secteur de la tech, qui constitue mon employeur principal, connait pas mal de turbulences. C’est un peu difficile de savoir comment cette industrie va évoluer. L’arrivée de l'IA soulève aussi beaucoup de questions, on ne sait pas encore quelle sera son impact.
Dans les années à venir j’aimerais pouvoir laisser plus de place à des projets personnels (court-métrage, bande dessiné ou livre illustré, exposition…) pour pouvoir nourrir mon dessin et ma créativité.
©Tom Goyon
Pouvez-vous nous raconter un bon souvenir de vos études à GOBELINS ?
Je sortais de quatre années d’études qui avaient été assez intenses, avec beaucoup de remises en question. La formation de GOBELINS et tout le travail de Laure Chapalain (la coordinatrice de la formation) m’ont permis de prendre confiance en moi, en mon identité.
Mon meilleur souvenir c’est quand nous avons eu l’occasion de réaliser trois clips en studio pour l’album de jazz d’André Manoukian. Nous avions pu faire une journée complète de tournage en tant que réalisateurs avec toute une équipe technique, des danseurs et un chorégraphe. J’ai adoré cette énergie de plateau, c’était une chance folle de pouvoir faire ça.
C’est aussi pour ça que la formation était si intéressante. Nous avons pu toucher à tout comme de véritables directeurs artistiques (motion, 3D, tournage, du print...). J’ai appris beaucoup de choses et je pense si je suis directeur artistique aujourd’hui c’est aussi grâce à la formation.
Quel(s) conseil(s) donneriez-vous à un ou une jeune diplômé.e ?
Ne pas travailler avec un tarif jour trop faible ! Je sais que c’est très difficile mais il y a beaucoup de studio qui profitent des jeunes diplômés. Il ne faut pas se sous vendre parce que ça met à met à mal toute la profession.
J’ai mis beaucoup de temps à aller frapper aux portes des studios et des agents avec lesquels je rêvais de travailler parce que j’avais peur de ne pas avoir le niveau. Il ne faut pas hésiter à le faire, ces interlocuteurs sont parfaitement conscients que votre niveau ne sera pas le même que celui d’un senior.
On a tendance à l’oublier mais la progression continue après l’école, c’est normal de ne pas savoir tout faire en sortant.
Interview par Sophie Jean
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