Marina Almeida, Game Designer pour l’URSSAF
Diplômée du Mastère Spécialisé designer d'expériences immersives, interactives et ludiques en 2024, Marina Almeida a commencé sa carrière dans le design industriel avant d’amorcer une reconversion l’a menée vers les serious game.
Game designer au sein de l’URSSAF elle revient aujourd’hui sur sa passion pour le jeu et sur l’intérêt de l’intégration de la gamification dans les entreprises et les institutions.
Quel est votre parcours professionnel ?
Mon parcours est un peu atypique. J'ai suivi des études en arts et design industriel au Portugal. Je suis arrivée en France en 2013 et j’ai trouvé un poste de dessinatrice projeteuse en électricité dans le bâtiment.
J’ai travaillé dans ce domaine pendant 10 ans, je concevais des plans techniques et des études de puissance en utilisant la 3D. C'était un travail très technique, lié à l'ingénierie. J’ai eu envie de renouer avec un côté plus créatif du design en suivant une formation de chef de projet digital.
J'ai été très intéressée par la partie UX/UI mais les applications mobiles et les sites web ne me permettaient toujours pas d’être créative.
J'ai toujours aimé jouer, et le jeu s’est imposé comme un bon moyen d’appliquer toutes mes compétences (UX, UI, 3D, navigation dans l’espace…) de manière transverse.
Vous êtes game designer pour l’Urssaf, en quoi consiste votre métier ?
Je suis Game Designer de serious game, je travaille au sein de la SDAC, la sous-direction de l’accompagnement au changement au sein de la caisse nationale de L’URSSAF. Nous sommes une petite équipe, j’ai plusieurs casquettes, je m’occupe à la fois du narrative design, de la DA de l'UX/UI, des graphismes et de de la gestion de projet.
Nous accompagnons au changement en innovant sur différents formats d'apprentissage pour rendre la formation professionnelle des 16 000 collaborateurs de l’URSSAF plus engageante et plus efficace.
Nous abordons des sujets très variés comme la sensibilisation à la santé au travail, l’histoire de la sécurité sociale, le plan de continuité d'activité, le handicap, le harcèlement…
Les formats peuvent être très différents selon les publics et les objectifs pédagogiques (jeux vidéos, jeux de société, VR…)
La pédagogie est au centre de nos jeux, en tant que game designer je réfléchi aussi bien au concept du jeu qu’à son contenu. Je travaille avec des ingénieurs pédagogiques pour aligner les mécaniques de jeux sur les objectifs pédagogiques.
Serious Game URSSAF
Comment intègre-t-on de la gamification dans une institution très administrative comme l’URSSAF ?
La gamification est un très bon outil d’acculturation pour les collaborateurs. Nous créons aussi bien des supports gamifiés pour des formations, avec des systèmes de badges, de points, de récompenses…, que de vrais serious games, dans lesquels le jeu est utilisé comme un moyen d’apprentissage.
Nous avons récemment développé un jeu pour sensibiliser les salariés aux enjeux de la RSO (Responsabilité Sociétale des Organisations) et ses indicateurs en entreprise.
J’ai également imaginé un jeu de cartes sur le harcèlement en entreprise qui permet d’identifier les différents types de harcèlement (sexuel, moral, sexisme, les situations qui sont un peu sur le fil…) à travers des cas de jurisprudence très concrets.
Nous avons également créé un jeu de société pour faciliter l’apprentissage des procédures à mettre en place en cas de catastrophe naturelle. Les URSSAF ne peuvent pas rester fermées plus de 72h, nos avons donc différents protocoles en fonctions des différentes situations. Nous avons imaginé un jeu chronologique pour les retenir étape par étape.
Dans une institution très administrative comme l’URSSAF, beaucoup de nos collaborateurs ne sont pas des joueurs, nous devons donc imaginer des jeux accessibles et engageants. Le design du jeu doit permettre de transmettre un message, de faciliter l'apprentissage et la rétention d'informations en immergeant, le joueur dans une expérience. Chaque jeu est pensé comme un levier de compréhension, d’adhésion et de transformation.
Le plus grand défi quand on crée un serious game c'est de trouver un équilibre entre le sérieux et le fun. Si le jeu est trop ludique, on perd le message mais si au contraire il est trop scolaire, on perd en engagement.
Serious Game URSSAF
Selon vous, quels sont les avantages à intégrer des mécanismes du jeu vidéo et de la gamification dans les entreprises ?
Le jeu est un outil pédagogique très puissant même si ce n’est pas son objectif premier.
L'apprentissage est inscrit dans l’ADN du jeu, quand on joue, on teste, on essaye, on prend des décisions, on recommence.
Avec le serious game on va structurer cet apprentissage autour d’un objectif clair et utiliser le jeu pour former, sensibiliser, transmettre.
Les sujets abordés par les formations URSSAF peuvent être très complexes et abstraits, le jeu va permettre de les clarifier et de les concrétiser.
On ne peut pas intégrer tout le contenu pédagogique dans un jeu mais c’est un bon levier pour appliquer ce qu'on a appris ou introduire un sujet de façon dynamique et interactive.
Pour moi, le jeu a toute sa place en entreprise, c’est un excellent outil pour changer les mentalités et faciliter l'accès à l'information.
Serious Game URSSAF
Qu’est-ce qui vous a intéressée dans le serious game ?
Je me sens très privilégiée de pouvoir créer des jeux qui visent à faire évoluer les mentalités et améliorer la qualité de vie au travail.
Je dois aussi moi-même apprendre constamment. Je me plonge dans un nouveau sujet pour chacun des projets. Je suis très curieuse de nature donc j'adore cet aspect de mon travail. C'est un vrai défi d’essayer de rendre intéressant et fun un sujet qui peut être considéré comme ennuyeux. Je trouve que c’est une démarche qui a vraiment du sens.
Si j’avais directement rejoint un gros studio en sortant de GOBELINS, j’aurais surement dû effectuer une tâche répétitive toute la journée et je n’aurais eu aucune liberté créative. J’ai carte blanche et je touche à tout, et ça c’est très précieux !
Pourquoi avez choisi de suivre la formation IDE ?
A mon âge, je ne pouvais pas me permettre de faire encore 3 ans d'études, il me fallait une formation courte, en alternance, le Mastère Spécialisé designer d'expériences immersives, interactives et ludiques était vraiment idéal pour ça.
J’ai beaucoup aimé l’idée de ne pas aborder uniquement le jeu vidéo et d’ouvrir sur l’utilisation du jeu dans d’autres domaines et avec différents formats pour créer des expériences interactives immersives.
Je suis très contente d'avoir suivie cette formation qui m’a ouvert l'esprit sur tout ce que tout ce qu’il est possible de faire autour du jeu et de la gamification.
Pouvez-vous nous raconter un bon souvenir de la formation ?
Le projet « Note To Myself », réalisé avec Louis Rognon, Pierre-Yves Denonfoux, Léa-Anna Lopes et Achille Roverato m'a vraiment marquée.
Nous avons remporté le prix Daniel Sabatier, c'était un moment fort pour moi. J'ai senti qu'on pouvait faire la différence avec un jeu en abordant des thématiques assez fortes émotionnellement, comme la démence sénile, l'abandon. Nous avons raconté une histoire dans laquelle chacun peut se reconnaître. C'était un plaisir énorme pour moi de travailler sur ce jeu, c’est exactement le genre de projet que j'aspire à créer à l'avenir.
C’est avec « Note To Myself » que j’ai réalisé que je voulais faire des jeux qui ont du sens et qui permettent de créer un lien émotionnel avec les joueurs.
Projet "Note to myself"
Quel est le conseil numéro 1 que vous auriez aimé recevoir en sortant de l’école ?
N’hésitez pas à prendre des risques et à garder ouvert d'esprit sur le potentiel du jeu en lui-même.
Le jeu ne s’arrête pas au jeux vidéo et aux gros studios. On peut rendre n’importe quel support ludique à partir du moment où on crée vraiment du lien, du sens et de l'émotion !

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