Céline Khy, de la retouche photo à l’UX design
Après une quinzaine d’années d’expérience en retouche photo, Céline Khy a choisi de se tourner vers l’UX design. Diplômée de la certification UX Design de GOBELINS en 2023 elle est aujourd’hui Product Designer.
Passionnée par le design fiction et sensible aux sujets de société, elle nous livre sa vision de l’UX.
Vous avez travaillé pendant 15 ans en tant que retoucheuse photo avant de vous tourner vers l’UX, pourquoi ce choix ?
Dans le milieu de la post-production photographique on est principalement exécutant. J'étais frustrée de ne pas pouvoir faire appel à ma créativité et à mon imagination et je n’avais plus le temps de produire des projets personnels.
Ce qui m’a plu dans l’UX, c’est cette possibilité de participer à la conception des produits dès les premières étapes. L’UX me permettait aussi de rester dans le domaine digital et de pouvoir transposer certaines de mes compétences, c’était aussi un gain de temps en termes de formation.
Projet de mémoire en design autour de l'arrivée de robots dans les crèches - ©Céline Khy
Quel lien faites-vous entre la retouche et l’UX ?
En photographie, il faut être observateur, à l’écoute, pour pouvoir mettre en valeur ses sujets. On est dans une certaine empathie. C'est une qualité qui est importante en UX, particulièrement dans la phase de recherche utilisateur, lors de laquelle on va interviewer les gens, recueillir leurs frustrations, leurs besoins, et cetera.
Mon expérience de retoucheuse photo m’a permis d’aller plus loin dans mes projets. Je peux créer moi-même les visuels, les vidéos, les animations… J’ai des cordes supplémentaires à mon arc pour pouvoir créer des prototypes, des maquettes et des artefacts.
Vous êtes actuellement Product Designer, en quoi consiste votre métier ?
Le travail de l’UX designer est centré sur l'expérience utilisateur. Le Product designer, quant à lui, va également prendre en compte les enjeux business du produit et s’assurer que l’on dispose des moyens humains, techniques et matériels nécessaires à son développement.
Le Product Designer suit donc le projet tout au long de son cycle de production. Il est le porte-parole de l’utilisateur. Il recueille ses besoins et ses frustrations et va concevoir des solutions adaptées, tout en veillant à respecter le modèle économique du client. Il doit savoir faire des compromis entre les besoins utilisateurs et la réalité économique pour assurer l’aboutissement du projet.
Prototype de robot - Projet de mémoire en design autour de l'arrivée de robots dans les crèches - ©Céline Khy
Vous travaillez actuellement sur le projet « Mamillie », axé sur la santé mentale des jeunes parents, pouvez-vous nous en dire plus ?
« Mamillie », a été développé suite à l’Hacking Health Camp de Strasbourg, un hackathon axé sur les projets liés à la santé.
Nous avons gagné un prix d'accompagnement, qui nous a permis d’être incubés dans la ruche à projets de l'école de management de Strasbourg. Nous bénéficions de l'accompagnement de professionnels pour mûrir le projet et nous lancer quand il sera prêt.
Notre objectif est de réunir des seniors et des jeunes ou futurs parents qui sont parfois démunis face à cette nouvelle aventure et peuvent être victimes d'isolement et/ou de dépression. L’un des piliers les plus importants de la périnatalité est ce qu'on appelle la matrice de soutien. Il s’agit de toutes les personnes bienveillantes qui entourent les parents. Certains foyers n’ont pas ou plus cette matrice.
©Céline Khy
Par ailleurs, en France, 2 millions de personnes de plus de 60 ans sont victimes d'isolement et sont loin de leur famille et de leurs amis.
Nous avons donc réfléchi à une solution pour créer du lien de façon locale entre ces deux populations. « Il faut tout un village pour élever un enfant », nous essayons de recréer ce village pour partager des moments ensemble de manière intergénérationnelle.
En tant Product Designer je mène la recherche utilisateur. Je vais sélectionner les cibles puis les interroger pour recueillir les informations qui nous permettront d’organiser des ateliers de conception.
Le projet sera développé dans le secteur privé, ce qui implique une question de rentabilité, nous devons donc également déterminer comment notre solution peut générer des revenus.
Vous avez travaillé sur un projet de design fiction autour de la pénurie de personnel dans les crèches pour votre mémoire de fin de formation pouvez-vous nous en dire plus ?
La garde d’enfants est un gros problème en France, auquel j’ai été moi-même confrontée en tant que jeune maman.
La crèche étant un service public on ne peut pas changer les choses du jour au lendemain, on est soumis aux législations qui imposent un temps long. C’est pour cette raison que j’ai choisi de traiter ce sujet en design fiction. Je n’ai pas proposé de solution applicable immédiatement mais plutôt une réflexion sur cette problématique.
Le design fiction est une méthodologie de design thinking qui permet d’approfondir la phase de recherche utilisateur. On va également mener des recherches scientifiques et technologiques sur les solutions qui existent déjà et des recherches sur les signaux faibles, c’est-à-dire les comportements émergents liés à la problématique.
Cette méthode permet de se libérer des contraintes économiques, technologiques et politiques actuelles en imaginant une solution qui sera mise en place dans 30 ou 50 ans. Les solutions proposées peuvent donc faire appel à des technologies fictives, qui n’ont pas encore été développées.
J’ai imaginé une solution qui s’appuie sur l’intelligence artificielle et j’ai prototypé un robot qui intégrerait les crèches. Grâces aux compétences acquises dans mon métier, j’ai pu faire une modélisation 3D du projet et j’ai réalisé de petites bandes annonces pour pouvoir permettre aux utilisateurs de se projeter dans le futur.
Atelier de conception - Projet de mémoire en design autour de l'arrivée de robots dans les crèches - ©Céline Khy
En design fiction, la phase de test est remplacée par un débat. L’objectif n’est pas de résoudre la problématique mais plutôt de se demander si la solution proposée est souhaitable et plausible. La prochaine étape est de réfléchir à ce qu’on peut mettre en place dès aujourd’hui pour qu’elle aboutisse ou pas.
Dans le cas de mon projet, ma solution n’était pas souhaitable, mais elle était plausible. L’objectif était d’inciter les participants à débattre et réfléchir aux actions à mettre en place pour ne pas arriver à une situation où des robots s’occuperont des enfants.
C’est pour cette raison que j’ai choisi de traiter mon mémoire en design fiction, pour pouvoir poser cette question : cette solution va arriver, que peut-on mettre en place pour l’en empêcher ?
Modélisation 3D - Projet de mémoire en design autour de l'arrivée de robots dans les crèches - ©Céline Khy
Pourquoi avez-vous choisi de suivre la certification UX Design de GOBELINS ?
J’ai plusieurs amies Product Designer, elles recrutent toutes des diplômés ou certifiés de GOBELINS. Venant de la photographie, je connaissais déjà les formations initiales proposées à par l’école. J’ai choisi la certification GOBELINS pour la confiance que j’avais dans la qualité de la formation.
L’autre atout de la formation c’était sa durée (8 mois). Ce temps long permet de maturer les idées entre chaque cours. C’est également un rythme plus facile à tenir quand on est salariée. Je ne pouvais pas m’arrêter de travailler pendant 3 mois, le rythme de 3 jours de formations par mois est beaucoup plus confortable.
Pouvez-vous nous raconter un bon souvenir de la formation ?
Nous étions répartis par équipes de projets. J’ai eu une super équipe. Je garde un très bon souvenir de l’amitié que nous avons tissé. Nous nous voyons toujours régulièrement. Ces rencontres sont vraiment un très bon souvenir de la formation.
Atelier de design fiction - Projet de mémoire en design autour de l'arrivée de robots dans les crèches - ©Céline Khy
Quels conseils donneriez-vous à un ou une jeune Product Designer ?
L’UX Design est un secteur en évolution permanente, il faut toujours être en veille. L’apprentissage ne se limite pas à la formation, il faut trouver le sujet qui vous intéresse et continuer à l’approfondir.
Je me suis passionnée pour le design fiction et j’étudie beaucoup ce sujet, je participe à des ateliers, des conférences, je lis des publications... Il ne faut pas hésiter non plus à continuer à sociabiliser avec des Product Designer senior pour avoir des conseils.
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